C’est un véritable coup de filet réussit que vient d’opérer le Bureau Guinéen du Droit d’auteur, à travers sa Brigade de Lutte contre la piraterie. Les responsables du BGDA ont présenté à la presse ce jeudi, 04 mai 2023, trois (3) présumés pirates dont deux originaires de la Sierra-Leone. Ils ont été interpellés, en raison de la piraterie des œuvres des artistes.
La pratique de la contrefaçon est une dure réalité qui appauvrit davantage les hommes d’art. Les œuvres d’art, littéraires et artistiques se vendent comme des Cacahuètes sur les différents marchés du pays. Pour le Directeur Général du BGDA, il n’y a aucune crainte aux yeux de ces individus à l’encontre de la Loi. Ils en font une activité quotidienne, et par conséquent, sont récidivistes à la dernière limite.
‘’Nous vous avons appelés aujourd’hui, pour mettre une grande lumière sur cette activité de lutte contre la piraterie, qui a été prescrite dans les grandes lignes du Bureau Guinéen du Droit d’Auteur (BGDA), qui a été propulsé par le ministre de la Culture, du tourisme et de l’artisanat, S.E Alpha Soumah et son homologue ministre de la Sécurité et de la protection civile. Cette activité je pense qu’elle va donner de l’espoir et de l’avenir à la culture et des auteurs guinéens. Les équipements saisis sont là. Il y a un bon nombre. Tout récemment, il y en a d’autres également qui ont été saisis. Nous avons un magasin dans lequel ils sont stockés. Ces équipements sont même programmés pour l’incinération. Sincèrement, je crois que le dynamisme de cette équipe va donner de l’espoir quant à l’avenir de la culture guinéenne’’, a déclaré Michel Théo Lamah, Directeur Général du Bureau Guinéen du droit d’auteur (BGDA).
De son côté, le Directeur des affaires juridiques, des contentieux et de la lutte contre la piraterie au BGDA, est longuement revenu sur les dispositions juridiques qui autorisent sa Direction de traquer les hors-la-loi. Moussa Fofana annonce la mise à disposition par le Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile d’une brigade de lutte contre ce phénomène.
‘’Le Bureau Guinéen du Droit d’Auteur, comme vous le savez, selon son statut, notamment en son article 4, est l’organe habilité à défendre la Loi dans ce sens, à lutter contre la piraterie et à promouvoir les intérêts des auteurs qui y sont affiliés. Dans cette dynamique, nous avons entrepris à travers bien-sûr l’assistance du Ministère de la Sécurité et de la protection civile, qui nous a permis d’avoir une brigade de lutte contre la piraterie, détachée auprès de notre Direction. Cette brigade depuis qu’elle a commencé, il y a un mois à être installée, elle mène au quotidien des investigations, des enquêtes, et Dieu faisant, elle a mis main sur une importante quantité d’œuvres littéraires et artistiques piratées, falsifiées, certaines traduites. Vous savez la traduction aujourd’hui, est un facteur très important pour ces pirates, parce que ça leur permet d’avoir beaucoup d’argent au détriment de nos auteurs locaux. Qu’est-ce qu’ils font ? Ils prennent des œuvres étrangères, ils les traduisent dans nos langues nationales (Soussou, Malinké, Poular). Et si fait, ça passe plus vite que les œuvres produites en Guinée. Voyez-vous ? A des prix aussi bas, parce qu’ils compilent plusieurs épisodes en une série, pour vendre à 5 000 GNF. Comparativement aux œuvres de nos créateurs, tels que Kabakoudou, Grand devise et autres, ils vendent un seul épisode à 5 000 GNF, eux ils peuvent mettre 20 épisodes en série et revendre à 5 000 francs, mais traduites. Et la traduction selon la loi, vous ne pouvez pas faire cette traduction sans le consentement de l’auteur ou de l’organisme de gestion collective qui est aujourd’hui en République de Guinée, le Bureau Guinéen du Droit d’auteur. Le faisant, vous allez à l’encontre de la Loi, notamment les dispositions des articles 460, 461 et 463 du Code pénal et plus particulièrement de la Loi 0028 sur la protection de la propriété littéraire et artistique en République de Guinée, notamment les dispositions des articles 116 et suivants. Le faisant, nous nous sommes dits que c’est une infraction qu’il faut réprimer, et nous sommes allés dans ce sens’’, a-t-il assuré, annonçant par la suite que la brigade a pris son bâton de pèlerin pour mettre main sur les trafiquants. Des trafiquants qui seront déférés par devant le Procureur de la République près le TPI de Mafanco, pour que le droit soit dit dans cette affaire.
‘’Nous sommes fatigués, et les artistes eux-mêmes sont fatigués et dès fois découragés. Alors l’intérêt de cette poursuite, c’est de dire que ça soit les Guinéens ou les étrangers, une interdiction est une interdiction. Personne ne peut se prévaloir de la qualité de commettre une infraction, surtout dans le domaine de la Culture désormais. Si vous sortez pour vendre des œuvres, il faut quand-même être rassurés que vous êtes premièrement déclarés au Bureau Guinéen du Droit d’auteur, et que les œuvres que vous vendez sont des œuvres originales, elles ne font objectif d’aucune suspicion de piraterie. Sinon, nous sommes obligés de saisir non seulement ces œuvres que vous avez vu en grande quantité. Nous avons plus d’une dizaine de machines de duplications, une dizaine d’ordinateurs saisis, d’imprimantes, mais aussi, des œuvres concrètes qui existent, qui sont falsifiées. Les auteurs pleurent, mais ces pirates là profitent dans le dos des créateurs’’, a-t-il déploré, avant de préciser qu’en tout, ce sont trois (03) pirates qui ont été mis aux arrêts par le BGDA.
‘’Pour l’arrestation de ce jeudi 04 mai 2023, ils sont au nombre de trois (3). Il y a un qui est ressortissant guinéen, un habitué des faits, qui est à sa troisième arrestation, les deux autres sont Léonais. L’importante partie, c’est le fait que c’est des Léonais qui quittent la Sierra-Leone, qui viennent s’installer ici en bande organisée et qui ne se livrent qu’à ça. Pirater, traduire les œuvres étrangères, les vendre, chose qu’ils ne tentent même pas de faire en Sierra-Leone’’, a révélé Moussa Fofana.
Pour sa part, Lieutenant-colonel Howo François Guémou, Commandant de la Brigade de Lutte contre la piraterie, est revenu sur l’opération.
‘’Tout a été mis en œuvre parce qu’ils sont fatigués, c’est pour cela ils ont tendu la main à la Direction Générale de la Police Nationale pour venir au secours. Nous avons nos méthodes. Dès lors que nous sommes informés d’une situation, alors, nous procédons à un contrôle pour ne pas rater la cible. C’est ainsi que la brigade a réagi dans ces jours-ci, dont vous voyez les hommes ici avec les preuves. Nous avons des types d’interpellation, qui concernent spécifiquement la police. Si nous avons une information sur quelqu’un, il s’agit de mener des enquêtes pour savoir est-ce réellement c’est lui. Est-ce qu’elle pratiquement cette activité ? Dès qu’ils sont interpellés, nous avons un chargé de la Police Judiciaire, qui fait valoir tout leur droit, ils ont droit à un avocat, en communication avec les parents. Et surtout, le délai de la procédure est respecté’’, a-t-il souligné.
Parmi les pirates interpellés, figue Mamadou Camara. Un jeune élève guinéen qui doit affronter le baccalauréat unique de cette année. Après avoir reconnu les faits, il a demandé pardon aux autorités.
‘’J’ai été interpellé au marché de la Tannerie, je revendais des CD, pour pouvoir subvenir à mes besoins. C’est la deuxième fois qu’on m’intercepte. Je reconnais que ce que je faisais était hors-la-loi. Je prie les autorités de nous pardonner. Ça sera la dernière fois’’, a-t-il juré.
Madiou BAH
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