En 2022, le gouvernement guinéen a interdit toute exploitation semi-industrielle dans les zones minières de la préfecture de Siguiri. Cette mesure a amené les autorités à déguerpir plusieurs sociétés chinoises et d’autres nationalités qui étaient dans cette forme d’exploitation de façon clandestine. Une année après cette interdiction, force est de constater que la plupart des sociétés déguerpies ont signé leur grand retour sur le terrain.
Selon une source bien introduite, plusieurs sociétés chinoises, soudanaises et maliennes font aujourd’hui des exploitations semi-industrielles dans les zones minières de la préfecture de Siguiri. Ces sociétés qui feraient des sous-traitances avec les sociétés d’exploitation artisanales locales auraient été autorisées par une bande mafieuse se trouvant à la Direction nationale des mines.
Notre source a indiqué que cette Direction aurait délivré des autorisations d’échantillonnage gros volume à certaines sociétés locales évoluant dans l’exploitation artisanale de l’or. Des sociétés qui sont aujourd’hui en train de sous-traiter avec les chinois qui se livrent à l’exploitation semi-industrielle dans les lits des marigots.
‘’En 2022, ils sont venus déguerpir les chinois dans les mines artisanales à Siguiri ici, tout le monde se souvient de ça, le directeur des mines et l’ex préfet de Siguiri ont perdu leurs postes. Actuellement, c’est les mêmes groupes chinois étrangers là qui sont en train de revenir sur une autre forme. Actuellement à Siguiri, il y a 138 permis de recherche minière valables. Maintenant, qu’est-ce qu’ils font ? Les sociétés chinoises là sont venus vers ces sociétés là. Donc, le Directeur national des Mines monsieur Ousmane Kaba leur a délivré une autorisation d’échantillonnage gros volume. C’est-à-dire, le papier qu’on leur donne à partir de la Direction nationale, on dit autorisation d’échantillonnage gros volume. Donc, ce sont ces sociétés là qui viennent, au lieu de faire l’échantillonnage gros volume, ils font l’exploitation semi-industrielle à ciel ouvert dans l’alluvionnaire. L’alluvionnaire, ce sont des substances minérales de l’or qui se trouvent dans les lits des marigots. Il viennent faire des exploitations semi-industrielles sur ça, j’ai des vidéos et des photos d’illustration’’, a confié un spécialiste des questions minières sous couvert de l’anonymat.
Notre source a révélé que l’autorisation d’échantillonnage gros volume est le nouveau système par lequel, la Direction nationale des mines passe pour donner l’autorisation à des sociétés étrangères, pour exploiter illégalement nos mines. Ceci, en complicité avec des sociétés locales détentrices des permis de recherche, comme c’est le cas de Firamamba Mining, Mandé Mining, FelarGuinée S.A, la société minière de Bouna Keita et autres non citées ici et du Directeur préfectoral autoproclamé de Siguiri. Mais sur le terrain, au lieu de faire l’échantillonnage, les sociétés étrangères font l’exploitation semi-industrielle. Et cela se passe au vu et au su de toutes les autorités administratives de Siguiri.
‘’Déjà, l’impact de l’exploitation de ces sociétés est néfaste, parce que c’est dans les lits des marigots où l’exploitation se fait. Qu’est-ce que ces sociétés font ? Elles prennent le bureau d’étude impact environnemental, elles prennent la lotis environnementale et le certificat environnemental, ça, je suis d’accord, mais l’autorisation d’échantillonnage gros volume qu’on leur donne, ce n’est pas ce qu’elles font, elles font l’exploitation semi-industrielle. C’est le système là maintenant, les propriétaires des permis sont allés maintenant négocier avec les chinois, les Soudanais, les maliens (…).
Il y a des permis de recherche de Firamamba Mining de Tidiane Koita, président de l’INOG, il a un permis de recherche minière, la Direction nationale a octroyé une autorisation gros volume à celui-ci. Pire encore, toute activité minière se fait avec une délimitation bien déterminée. D’ailleurs, les permis miniers c’est comme les partielles de l’habitation, c’est-à-dire, on va au cadastre minier. Donc, c’est morcelé en partielle avec des bornes, chacun connaît sa zone avec les coordonnées géographiques.
Les sociétés minières concernées, il y a Firamamba Mining qui a une autorisation d’échantillonnage gros volume dans la commune urbaine, précisément les villages de Sorela, Danka, Oumanna, Yorola, Sayinna…Donc, tous les villages qui sont dans la commune urbaine, ils ont fait piques dans le cadre de cet échantillonnage gros volume, il y a Mandé Mining, FelarGuinée S.A dans Gnarassola, il y a la société RR dans la sous-préfecture de Doko, précisément de Tongny, il y a aussi la société du politicien Bouna Keita qui a fait aussi la même chose à Siffa. Actuellement, ils ont fini là, ils sont venus s’installer à Bandougoula, dans la sous-préfecture de Maleyah vers Siguirini. Donc, ce sont entre autres sociétés qui travaillent avec les chinois et autres. La Direction nationale leur donne l’autorisation d’échantillonnage gros volume, c’est une manière d’autoriser les sociétés d’exploiter.
Maintenant, ceux qui sont profanes, ne peuvent pas comprendre comme l’administration locale qui est là. Ça se fait en complicité avec la Direction locale qui est là. Pire, la Direction préfectorale mines ici à Siguiri, n’a pas un directeur préfectoral. L’ancien Directeur préfectoral des mines qui était là, lui il a été limogé l’année passée. Celui qui est là, il s’est autoproclamé, parce qu’il n’y a aucun acte venant de Conakry qui dit que Monsieur Lancinè Mariama Condé est directeur préfectoral par intérim, mais c’est la Direction nationale qui l’entretient dans ce sens’’, a révélé notre interlocuteur.
Parlant de l’autorisation d’échantillonnage gros volume, notre source a fait savoir que cette forme d’autorisation n’existe pas dans le code minier guinéen. Elle serait une nouvelle invention pour tromper la vigilance des autorités au plus haut niveau, mais aussi locales.
‘’Quand vous prenez le code minier, dans ses dispositions, les titres miniers, l’échantillonnage gros volume n’existe pas dans le code minier en vigueur en Guinée. Quand vous prenez les titres miniers, il y a d’abord le permis de recherche minière, il y a le permis d’exploitation semi-industrielle minière, il y a le permis d’exploitation industrielle et la concession minière. Le permis de recherche minière est délivré par le ministre des Mines par arrêté, l’exploitation semi-industrielle et industrielle par le décret du président, la concession minière, il faut que l’assemblée adopte à l’unanimité et après, elle envoie au président de la République pour légiférer par décret. Dans les mêmes dispositifs du code minier, les autorisations de reconnaissance sont délivrées par la Direction nationale des mines. Cette reconnaissance, c’est d’aller voir le terrain, avant que le titulaire ne fasse une demande de permis de recherche, il envoie les géologues pour voir le terrain, pour savoir si ce terrain nécessite de prendre le permis. Si les géologues indiquent qu’il y a des indices, on leur donne 6 mois d’autorisation. Le code minier reconnaît ça, il y a l’autorisation de reconnaissance minière délivrée par le Directeur national, ça, c’est reconnu, il y a l’autorisation d’exploitation de carrière, mais l’autorisation d’échantillonnage gros volume n’existe pas dans le code minier, dans les titres miniers, ça n’existe pas. C’est une nouvelle invention faite par la Direction nationale, cette autorisation n’existe nulle part dans le code minier. Dans les autorisations, on dit en application de l’article 194 du code minier et l’article 7 du permis de recherche, le Directeur national autorise l’échantillonnage gros volume. Quand vous prenez l’article 194 du code minier, ça parle sur la déclaration du démarrage des travaux, ça ne dit de délivrer une autorisation d’échantillonnage gros volume. Cette déclaration c’est quoi? Toute société minière qui veut démarrer n’importe quels travaux miniers, génie civile, quoique ce soit sur son permis, doit envoyer une lettre d’information à la Direction nationale, qui déclare qu’on veut démarrer tels travaux sur notre permis. C’est ce que l’article 194 parle dans son alinéa 1 et 2, ça ne parle jamais de l’octroi de l’autorisation d’échantillonnage gros volume’’, a précisé notre source.
Nous avons tenté à plusieurs reprises de recouper toutes ces informations auprès des acteurs incriminés, mais en vain.
Facinet CAMARA, pour Lerevelateur224.com.