N’est pas ministre qui le veut, parce que la fonction ne sied pas à tout le monde. Le hasard qui y conduit souvent en Guinée donne des ailes à certains qui accèdent à cette dignité, au point de se croire supérieurs à tous. Aussi, ces ministres accidentels, sont-ils agacés de voir qu’ils ne soient pris au sérieux par personne, à juste raison, car si ce n’est pas à la faveur de situations troubles et de troubles, ils n’ont aucune chance de compter. Ils disparaitront aussi vite qu’ils sont apparus. La peur et l’angoisse de retomber dans les oubliettes les poussent à des excentricités qui discréditent leur personne et banalisent une charge qui, même en période, d’exception, reste farouche. Illégitimes à leurs places usurpées et imméritées, les ministres parachutés venus de loin, recrutés à l’aveuglette , pensent par leurs propos incongrus et attitudes cavalières pouvoir imposer à l’opinion qu’ils sont les plus méritants alors qu’ils n’ont rien à leur actif qui forcent l’admiration et imposent le respect.
Mamoudou Nangnalen, apparemment, traumatisé, par sa nomination au Gouvernement, voit maintenant la Guinée sous le prisme de ses certitudes et ne supporte guère qu’il en soit autrement. Le patriote pour lui est celui qui s’aligne derrière ses positions et se garde d’émettre des réserves sur la politique qui est conduite pour le pays. Il n’y a pas si longtemps qu’il peignait la Guinée en noir et s’en prenait à des autorités plus légitimes et fréquentables que celles qu’il sert aujourd’hui avec un excès de zéle pathétique. Est-il bien placé pour donner des leçons d’éthique et de patriotisme bien qu’il s’illustre dans l’inversion des valeurs et dans la propagande facile ?
Le ministre de l’Agriculture qui espère le demeurer comme si d’autres ne l’avaient pas précédé ou ne lui succéderont jamais, gagné par l’ivresse du pouvoir, rappelle qu’il était payé à 100.000 $ par an , voudrait laisser croire qu’il était bien côté à la Banque mondiale où pourtant on n’a jamais entendu dire qu’il était dans le top management comme de nombreux fils du continent, originaires de pays voisins. En tout cas, il ne manque pas à cette institution qui n’est pas une référence absolue d’excellence regorgeant de cadres moyens et subalternes, en son sein, tout comme lui non plus ne semble pas en être nostalgique en voyant dans ses nouvelles fonctions, les limites d’un salaire mensuel ennuyant. Il a changé de statut en même temps que de vie. Alors qu’il ne prétende pas au patriotisme ou ne s’avise pas à revendiquer l’intégrité , en attendant la reddition des comptes dont il essaye de distraire en pointant un bilan théorique avantageux et en se comportant en porte-flingue d’un régime qui le nourrit grassement. Le colonel Mamadi Doumbouya a averti que la CRIEF n’est pas réservée qu’aux anciens dignitaries.
Nangnalen Barry essaye d’expliquer qu’il avait un revenu conséquent avant son entrée au gouvernement pour prendre à témoin les Guinéens avant l’heure fatidique de rendre des comptes.
Voilà la véritable hantise du sieur de Nangnalen Barry, effarouché par les révélations sur sa gestion qu’il tente d’atteibuer à des esprits chagrins, voire à des apatrides comme s’il était lui-même patriote, engagé qu’il est dans un gouvernent de transition bancal, indifférent à l’aspiration démocratique brûlante dans le pays. On voit bien qu’il y a Nangnalen, commis anonyme dans une institution tentaculaire, il y a désormais celui devenu ministre qui a du mal à se légitimer et briller dans un costume beaucoup plus grand que lui.
Qu’on qu’il en soit, le ministre de l’Agriculture ne survivra pas au changement ni aux aléas de la fonction ministérielle, un fauteuil éjectable.
La Guinée a connu de grands serviteurs de l’Etat et des hauts cadres de l’administration publique, rompus à la tâche. Ils sont passés et souvent oubliés. Ce n’est pas Nangnalen Barry qui s’en ira aussi dont on se souviendra sauf peut-être lorsqu’il s’agira de citer les personnes qui ne devraient pas être ministre parce que ni préparé, ni apte pour la fonction, n’ayant pas les subtilités des hommes d’Etat, dépourvues de la sobriété et de la délicatesse des agents publics assermentés et scrupuleux.
Nangnalen Barry, avant de reprimander des Guinéens qui ne pensent pas comme lui et ne l’ont pas attendu pour aimer et servir leur pays pendant qu’il cherchait à gagner sa vie ailleurs, devrait faire son propre examen de conscience et comprendre qu’il prêche dans le désert, entendu de personne, conspué par tous. La rançon du reniement spectaculaire et d’une parole publique superficielle et indigeste.
Tierno Oury Jallow, analyste financier.