Quelques mois après son avènement au pouvoir, le CNRD a interdit toutes les manifestations sur les places publiques, pour dit-on, préserver la vie des jeunes, qui sont souvent victimes de tueries lors des mouvement de protestation dans le pays. Cette mesure a suscité beaucoup de réactions et d’indignations chez des acteurs sociopolitiques, mais aussi chez les défenseurs des droits de l’homme.
Pour sa part, Mohamed Bakary Keita, ancien secrétaire général de la Jeunesse de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), actuel DG de l’ANSP, s’est prononcé sur cette question chez nos confrères d’Espace FM ce mercredi, 31 mai 2023. Cet ancien collaborateur de Cellou Dalein Diallo a déclaré que le CNRD n’a jamais interdit les manifestations dans le pays. Pour lui, la junte au pouvoir a plutôt aménagé les manifestations. Il a par ailleurs mis quiconque au défi de prouver le contraire.
‘’En ce qui concerne l’interdiction des manifestations, je mets quiconque au défi de prouver que le CNRD a interdit les manifestations. Le CNRD n’a pas interdit les manifestations, il a aménagé les manifestations. Vous savez la transition c’est quoi? De mon point de vue, c’est une période de trêve. Cette période là doit vous permettre d’élucider des choses que vous n’avez pas pu faire pendant une période déterminée. Pendant 10 ans, nous avons connu 224 morts lors des cortèges des manifestations organisées par ceux qui se disent aujourd’hui défenseurs de la démocratie, tous enterrés à Bambeto. Nous n’avons pas bénéficié la compassion de l’ancien président, il n’a pas organisé le procès, pour déterminer les commanditaires et les coupables de ces tueries. Il n’a pas reconnu la forfaiture de son régime. Colonel Mamadi Doumbouya vient au pouvoir, il répare une chose, la compassion. Il vient se recueillir sur les tombes des 224 morts au nom de la République, ce qui est pour moi salutaire. Deuxièmement, il dit alors je vais organiser un procès sur ce qui convient d’appeler aujourd’hui le crime de sang, il a commencé par un procès plus long et plus ancien, le procès du 28 septembre. Il a dit pour l’instant, organisez les manifestations dans l’enceinte de vos partis politiques, dans vos sièges, montrez les pancartes pour prouver que vous n’êtes pas d’accord et que vous n’êtes pas solidaires à un certain nombre de décisions qui se prennent. Mais ne sortez pas pour des cortèges parce que des cortèges ont fait trop de morts. Il faut que les gens sachent, il n’y a pas que les cortèges comme manifestation, la grève de faim est une manifestation. Mais si des manifestations ont fait plus de morts, même bien-sûr au nom de la légalité des textes, cela mériterait bien-sûr que l’on fasse une trêve. C’est pourquoi, j’ai dit qu’il n’y a eu aucune interdiction des manifestations, ça été simplement aménagée. Moi je ne vois nulle part où quelqu’un peut me convaincre que le CNRD a interdit les manifestations. En attendant, n’est-il pas nécessaire que l’on attende, qu’on patiente pour savoir qu’est-ce qui est à la base de ces tueries ?’’, a-t-il déclaré, sur les Grandes Gueules.
Facinet CAMARA, pour Lerevelateur224.com.