Chaque année, plus de sept (7) villages Landouma de Boké se réunissent tous les jours des mois de mai et juin dans le district de Koaboé Kampathè, autour de la pêche annuelle de la mare de Dapperéré. Lerevelateur224.com. vous plonge dans cette activité ancestrale Landouma, vieille de plusieurs décennies, menacée de disparition.
Cette activité traditionnelle qui permet à cette communauté autochtone de Boké, d’échanger des cultures de leurs ancêtres durant cette période, est aujourd’hui sous l’emprise des sociétés minières, qui gravitent autour de la commune rurale de TANENE. Aly Manè, porte-parole du Témou Ibrahima Manè, Sotikeimo du district de Kaboé, parle des mystères de la mare de Dapperéré.
‘’C’est Pathé Manè qui a été la première personne à s’installer dans ce village. C’est après, les gens sont venus. Les Bagas voulaient s’installer, mais ils n’ont pas pu. Par fini, ils sont restés à côté de kaboye Amaraya. Pathé Manè était chasseur, il a découvert cette rivière seul. Depuis, il a commencé la pêche avec une machette et ses femmes aussi ont emboîté ces pas. Notre grand-mère pouvait rentrer dans un trou à la recherche des poissons. Ils faisaient ensemble des préparatifs et des offrandes pour qu’ils puissent pêcher beaucoup de poissons. C’est vrai l’islam est là, mais on n’a pas rejetés toutes les coutumes des arrières parents. On regrette parce que nos enfants n’ont pas pu continuer sur nos traces et le marigot aussi rétréci peu à peu. La seule chose qui est là jusqu’à présent, est que les filets sont interdits et quiconque le fait, tu verras automatiquement les conséquences. Ça, c’est les génies, pas nous’’, a-t-il expliqué.
Les carpes, anguilles, rotengles et les silures sont quelques espèces de poissons pêchées dans ces eaux douces depuis plusieurs générations maintenant. Muni des lances, des machettes et des cannes à pêche, ce groupe d’hommes et de femmes pêcheurs se met en rang, accompagné des chants traditionnels, jusqu’à la mare où, ils resteront de 17heures jusqu’aux heures tardives de la nuit.
Kadiatou Niaissa, pêche depuis 36 ans. Elle expose les difficultés que rencontrent les femmes de Kaboé kampathè dans l’exercice de leur activité.
‘’Nous faisons des équipes, arrivées à Dapperéré, on fabrique des cercles avec des boues dans l’eau et ensuite, on se met en ligne pour diriger les poissons dans le piège. Et quand les poissons rentrent dedans, on ferme et évacue l’eau, pour attraper les poissons. Tout ça, c’est avec la force et à main nue’’, confie-t-elle.
Kakissa, Kampathè, Amaraya, Simbaya, kalangué, Kantombo et Katougouma, étaient autrefois des villages qui ralliaient ce site pour s’approvisionner en poissons. A date, c’est seulement quelques personnes qui connaissent l’existence de cette mare menacée de disparition, par l’effet entropique de l’homme, qui s’y rendent.
‘’A Kaboé kampathé, nous n’avons pas eu les retombées des sociétés minières, qui impactent nos ressources. Quand elles sont venues, elles nous ont promis un changement radical. Mais jusqu’à présent, nous n’avons rien reçu d’elles. Les lieux qu’on cultivaient, elles nous ont interdit de ne pas couper les bois, de ne pas faire du champ et mettre du feu et en retour rien. Là où on pouvait avoir quelques bénéfices, c’est dans ce fleuve qui commence à se boucher par leur faute’’, se lamente Yalikha Manè, mère de famille.
Le Lac de Dappéréré qui s’étend sur une superficie de deux (2) hectares sur un (1), est menacé de disparition, sous le regard impuissant des communautés de Kaboé Kampathe.
Depuis Boké, Sékou DIALLO, pour Lerevelateur224.com.