La ministre de la Pêche, de l’Aquaculture et de l’Économie Maritime était face aux conseillers nationaux du CNT ce mercredi 29 mars 2023, pour répondre aux questions de ces derniers, concernant sa gestion depuis sa nomination à la tête de ce département.
Interpellée sur la rareté et cherté du prix du poisson sur le marché, surtout en cette période de Ramadan, la ministre Charlotte Daffé est revenue sur les causes de cette pénurie des produits halieutiques en Guinée.
‘’En Guinée, le poisson est une denrée de première nécessité, qui joue un rôle important dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle de nos populations. Aujourd’hui, tout le monde consomme le poisson et tout le monde a accès au poisson. Mais ces dernières années, avec le changement climatique, les poissons se raréfient dans toutes les eaux maritimes. Ce n’est pas uniquement en Guinée, c’est un fait qui est connu partout dans le monde. En plus, l’augmentation de la démographie fait que cette denrée devient de plus en plus rare. La population guinéenne il y a 10 ans, ce n’est pas la même qu’aujourd’hui. En Guinée, le marché est approvisionné à travers la pêche artisanale, industrielle et à travers les importations. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que c’est la pêche artisanale qui nourrit essentiellement la population. Mais, les pêcheurs artisanaux n’ont pas d’accompagnement. La pêche s’est libéralisée depuis 1990. Depuis cette date, c’est une activité qui est menée par les privés essentiellement. Donc, même les pêcheurs artisanaux, c’est rare de trouver aujourd’hui des guinéens à 100% qui font de la pêche artisanale. La pêche artisanale est détenue par les étrangers: les Sierra Léonais, les ghanéens, les Bissau-guinéens…’’ a t-elle expliqué.
D’autres raisons invoquées par la ministre de la pêche, c’est le manque de navires guinéens. Selon Charlotte Daffé, la Guinée ne dispose pas de navires de pêche.
‘’Si vous prenez la pêche industrielle, nous n’avons pas de navire industriel en Guinée. Contrairement à d’autres pays de la sous-région qui ont réussi à constituer une flotte nationale. C’est ce problème qu’on a en ce moment. Mais nous, ce qu’on est en train de faire pour régler un peu ce problème, c’est d’exiger les obligations de débarquement de poisson, bien que ce soit une activité prise pour le secteur privé. Mais puisque l’État a un droit de regard, nous sommes là pour réglementer, nous mettons en place les obligations de débarquement pour tous les navires qui sont détenteurs de licence chez nous. Aujourd’hui, sur 74 navires qui ont pêché en 2022, vous n’avez pas 10 navires appartenant à des Guinéens. Sinon, les navires appartenant à des Guinéens doivent débarquer 100% de leur capture sur le territoire. Les navires étrangers puisqu’ils font un certain partenariat avec les étrangers, 60% sont débarqués sur le marché local et le reste est exporté. Donc, ce qu’il faut retenir, c’est que premièrement, les poissons se raréfient. Deuxièmement, les espèces prisées se font rares, et troisièmement, le réchauffement climatique. Et enfin, l’éloignement des zones de pêches’’ a t-elle martelé.
CAMARA Mamadouba
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