Le Président du PEDN, Lansana Kouyaté est passé dans le journal Afrique sur TV5 Monde hier, mercredi. Dans son intervention, l’ancien Premier ministre a passé au crible l’actualité politique de la Guinée.
Concernant le coup d’État orchestré par le Colonel Mamady Doumbouya et ses hommes, M. Kouyaté donne des conseils au CNRD par rapport à la transition en vue dans le pays. Le Président du PEDN s’attend à ce que le CNRD tire des leçons des échéances passées dans le Pays.
« On attend que la transition militaire tire des leçons des échecs des autres transitions. À la mort de Sékou Touré, il y a eu une transition. Après le décès du Président Conté, il y a eu une autre transition. Mais les transitions ont toujours été une symphonie inachevée. De cette transition, on attend beaucoup parce que sa particularité est que c’est la première fois qu’un chef d’Etat est enlevé de son vivant. »
Plus loin dans son allocution, le colosse du PEDN affirme qu’il n’a eu aucun regret face à cette version historique du coup d’État.
« C’est une première que je ne regrette pas. La situation était accablante pour tout le monde, y compris les propres membres du RPG qui étaient les premiers soutiens pour ce régime. Chacun était fatigué » a-t-il laissé entendre.
Concernant l’ouverture d’un procès contre le Professeur Alpha Conde ou un exil assigné, M. Kouyaté estime que cette décision revient au CNRD :
« Il revient au CNRD de prendre cette décision. Ils sont là, ils sont aux affaires. Mais comme je le dis, ce qui est mieux, c’est de toujours mettre les institutions judiciaires pour pouvoir juger qui est en faute ».
À la question de savoir si ces tâches doivent être exécutées par le CNRD ou le prochain président démocratiquement élu, Lansana Kouyaté reste optimiste, mais prend la justice pour son épée de chevet.
« Cela dépendra de tout ce qui sortira de ces consultations et on verra clair dans le programme du CNRD après la consultation avec les uns et les autres. La décision qui sera prise, je souhaite correspondre à un rôle de justice. C’est le deuxième mot de notre devise : Travail-Justice-Solidarité ».
Par rapport à sa candidature aux élections présidentielles, après la période de la transition, il dit être soumis à la décision du parti, qu’il dirige.
“J’appartiens à un parti dont je suis à la tête. Je crois que si le parti me désigne comme le candidat parce qu’on a toujours eu des consultations au niveau du parti pour désigner un candidat. Je joue la démocratie-là. On ne peut pas prétendre emmener un pays à la démocratie quand on n’est pas un démocrate soi-même. Ce qui s’est passé, il y a environ 10 jours, c’était ça. Ce qui s’est passé il y a environ 10 jours, c’était ça”.
Sur le sujet des consultations entre le CNRD et les patrons des sociétés minières étrangères hier jeudi, M. Kouyaté estime que le droit de regard de ces compagnies minières sur les affaires politiques du pays est une question de leadership.
« Tout cela dépend du leadership. Il y a une chose qui est claire avec ces compagnies minières. Les mines ne sont pas faites pour être vendues en totalité à l’état brut. Tout ce qui sort de notre pays, quel que soit le secteur, le prix n’est pas fixé par le pays producteur », a indiqué l’homme politique.
Quant à la volonté du CNRD à donner la priorité aux nationaux, Lansana Kouyaté se dit d’accord avec cette idée.
« Je suis d’accord avec lui. Parce que le prix n’est pas fixé par les nationaux. C’est fixé par les sociétés de cotation. Londres en est un centre. Dès lorsque vous transformez, vous fixez votre prix. Je crois que le président du CNRD a eu raison de dire qu’il faut penser aux Guinéens. L’avantage de mettre en place un système de production interne, c’est embaucher de la main d’œuvre. Mais c’est multiplier par 10 ou 20 le prix du brut que vous vendez. Et parfois, il y a même des produits dérivés qui peuvent être aussi vendus. Je ne dis pas qu’on ne doit pas vendre des produits à l’état brut, mais il faut savoir la proportion ».
Concernant les sanctions annoncées de la Guinée des instances africaines après le coup d’État, l’homme de 71 ans donne son point de vue :
« Je ne dirai pas que je regrette parce que je connais comment cette procédure de suspension a été décidée. Ce n’est pas le monde entier. Après la fin de la guerre froide, le débat est venu tout suite de savoir ce qu’il faut faire ? Le monde en sait qu’on allait être dans la tranquillité, mais très tôt, on a compris que les guerres inter-pays allaient se substituer les guerres intra-pays. Il y a eu des débats sur 4 ans presque entre ceux qui disaient que tout coup d’État doit être condamnés et ceux qui disaient qu’il y a des présidents qui ne sont pas vertueux et qui trahissent leur sermon. Dans un tel cas, si l’armée intervient, on doit la reconnaître et ne pas condamner. La Guinée n’a pas reçu de sanction, mais le principe de suspension. On verra comme on ne connaît pas les résultats issus de la dernière concertation ».
À rappeler que le natif de Koba dans Boffa, Lansana Kouyaté a annoncé pendant cette émission sa décision de rallier la Guinée dans les jours à venir. Il n’a pas manqué de préciser que le système de gouvernance qui était en place a été à la base de son départ pour la France.
Moussa Smith Kourouma