En Guinée, les villes de Dinguiraye et de Mali sont réputées pour être des industries incontournables de fabrique d’intellectuels. Je ne sais pas pour la ville de Mali, mais celle de Dinguiraye a bénéficié de la participation de très grands cadres, formateurs, qui, au fil du temps ont réussi à former de brillants et d’excellents élèves. Ils étaient surtout reconnus par leur rigueur dans les classes.
En Décembre 2010, je venais poursuivre mes études à Conakry . Et c’est à partir de cette année, je retourne toujours passer mes vacances à Dinguiraye.
D’une année à une autre, j’ai remarqué une profonde transformation de la jeunesse locale. Le constat est alarmant. La transformation n’est pratiquement pas orientée vers le bon côté.
Les langues ( Français et Anglais) banalisées par l’ensemble ( élèves et encadreurs) de façon globale. Est-ce parce qu’on aime trop nos langues locales? Ou parce qu’il y’a un complexe developpé depuis les premières années d’écoles chez ces élèves ? Je me demande…
En effet, l’école a cessé de former, la jeunesse d’étudier, les parents de contrôler. La délinquence s’est pointée et les jeunes sont bercés par les vices. Des moins dangereux aux plus dangereux. Plus grave, même les préadolescents sont concernés par ce fléau de délinquance grandissant.
Partout dans la ville, ça fume, ça boit, ça se drogue. Aller à l’école n’est plus une priorité. La facilité qu’ont les élèves de corrompre les autorités éducatives fait qu’ils ne se soucient plus d’échouer ( me temoignent certains professeurs du Lycée EOT).
La délinquance rend certains insaisissables et extrêmement perturbateurs. Pire, ils n’ont peur d’aucune sanction. Ceux qui veulent apprendre, ne parviennent pas à le faire comme ils veulent.
Les carences et les inconstances de certains encadreurs font qu’ils accumulent beaucoup trop de lacunes.
Il y’a aussi une sorte de clanisme développé au sein de l’administration de l’école ( m’a-t-on fait remarquer), qui engendre une guerre d’égo et qui conduit à la détérioration des conditions d’enseignement et d’études au sein de l’école.
Sinon, j’ai eu à discuter avec certains ainés. Ils m’ont parlé des remarquables promotions , élèves qui sont passés par EOT. Il est vrai que les temps ne sont plus les mêmes mais, à mon avis, il est encore possible de redynamiser cette école et même avec plus d’efforts, toutes les écoles de la ville.
Car, Croyez-moi, il y’a du potentiel, de jeunes de talents et au courage d’acier.
Et, j’ai croisé là, des élèves extrêmement débrouillards qui ont quand même besoin d’être soutenus par un système amélioré ( Excellents professeurs, excellents encadreurs, maximun d’outils)
Mais comment résoudre le problème ou les problèmes?
Mon avis :
Attirer l’attention des parents et des autorités sur la poussée de la délinquance à Dinguiraye ( même si beaucoup le savent );
Efforts collectifs dans la sensibilisation sur les méfaits de la consommation des stupéfiants…
Mise en place d’une politique et d’un comité indépendant de suivi-evaluation de l’enseignement à Dinguiraye.
Créer un système de lobbying de ressortissants et cadres, assez puissant pour imposer des encadreurs talentueux et rigoureux!
Mettre en place un centre de conseil scolaire, professionnel et de Coaching.
Créer une presse scolaire pilotée par des élèves et qui informera, sensibilisera a travers des articles de blog, des vidéos sur Facebook et autres…
Encourager les meilleurs élèves à travers de prix d’excellence, des bourses…
Créer des compétitions culturelles et Scientifiques entre les élèves et les écoles…
Promouvoir la lecture à l’école et en déhors de l’école.
Cultiver l’auto formation;
Faire du storytelling des cadres qui sont passé par Dinguiraye, notamment par le Lycée EOT.
Amadou Sada Tall, écrivain.